«On est rendus là, énonce Hugo Duquette, artiste de cirque qui incarne le personnage central du spectacle. Dans le cirque, c’est facile de faire applaudir les gens, de les émerveiller, mais je pense qu’on est des artistes de cirque et non seulement des performeurs. On veut essayer de faire passer un message à travers nos corps. »
Danseur avant tout et gradué en 2015 de l’école de cirque de Montréal, M. Duquette est habitué de parler avec son corps. Il espère amener les gens à ne pas seulement être émerveillés par ses prouesses, mais les invite à comprendre ce qu’il y a sous les acrobaties et les mouvements.
«C’est ce qui est intéressant à partager.»
— Hugo Duquette
Le spectacle, mis en scène par Sophie Thibeault et Maxime Robin, permet donc de mettre de l’avant la force et la puissance des femmes, mais aussi de montrer le côté sensible des garçons, «un côté moins représenté habituellement au cirque», note Mme Thibeault.
Les artistes comme vecteurs de changement
C’est par l’équipe d’artistes que s’est projeté le thème principal de Muse : la construction des genres. «À la base, dans le spectacle, le casting est constitué d’une majorité de femmes et moins d’hommes, ce qui est différent. Il y a souvent peu de filles comparé au nombre de garçons », explique Sophie Thibeault.

Hugo Duquette insiste sur le fait que le cirque est un milieu ouvert, même s’il y a encore des stéréotypes dans certaines disciplines qui sont réservées à certains genres. «Par exemple, l’homme aérien masculin souvent vu comme un homme fort avec les muscles, on veut défaire ces codes-là avec le show de Flip Fabrique. C’est ça qui est différents dans le cirque contemporain, il y a de plus en plus une ouverture un peu différente aujourd’hui.»
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Sophie Thibeault enchaîne en donnant, comme exemple, le numéro de diabolo qu’ils ont voulu différent d’un numéro de diabolo classique. «On voulait pousser plus loin la jonglerie. Un diabolo ça tourne. On a cherché et on s’est dit que c’était comme les idées qui tournent dans la tête, les pensées qui n’arrêtent jamais. » L’équipe a donc développé autour de la charge mentale, souvent représentée par les femmes. Dans Muse, le diabolo est manié par un homme. «On a associé cet homme à la charge mentale qu’il essaie d’enlever à ses amis qu’il croise, à ses collègues. On voit à quel point ça peut être difficile de gérer tout ça.»