Trois mois pour renouer avec Gilles Carle, son art et sa muse

L'avis d'ébullition du 10 février visait plusieurs arrondissements de Sherbrooke. (Michelle Boulay/Archives La Tribune)

La vraie nature de Gilles Carle occupera les murs et la programmation du centre culturel Pierre-Gobeil jusqu’au 28 juin. L’exposition prend naissance dans le quartier Rock Forest à Sherbrooke, mais elle voyagera au Québec par la suite.


Chloé Sainte-Marie a découvert le centre culturel Pierre-Gobeil en visitant une exposition du Dr Réjean Hébert. C’est là qu’elle a eu le déclic: il fallait que La vraie nature de Gilles Carle y prenne racine. Dessins, textes, toiles, projections, l’espace entier du centre culturel est tapissé des réalisations de l’artiste et de photographies qui témoignent de son travail et de sa vie intime.

«On avait beaucoup de racines dans les Cantons-de-l’Est. Ici, c’est un quartier populaire, c’est ce que Gilles aurait voulu pour faire vivre son art», dit Chloé Sainte-Marie, compagne et muse de Gilles Carle.

Commissaire et historien, François Renaud a été sorti de sa retraite par Chloé Sainte-Marie pour mettre sur pied l’exposition, sa troisième sur Gilles Carle, après une carrière composée de centaines d’expositions. «On a eu un coup de cœur pour ce lieu à échelle humaine, et c’était important de présenter l’exposition en région.»



L’objectif de La vraie nature de Gilles Carle est de garder vivant l’art du célèbre cinéaste et artiste multidisciplinaire décédé en 2009, quinze ans après son départ.

«J’ai toujours parlé de lui au présent, c’est une communication constante. Et plus que jamais, on a besoin que ça continue», explique Chloé Sainte-Marie. Elle ajoute que la présentation des œuvres de Gilles Carle est «un acte politique.» «Avec la montée de la droite, tous les reculs qu’on observe, le fait qu’on veuille interdire l’avortement, on a besoin de s’imprégner de son esprit tellement libre!»

 «Ça donne un portrait de ce qu’a été le Québec et de ce qu’il doit continuer à être. Des fois, ça fait du bien de ramener nos grands penseurs.»

—  Chloé Sainte-Marie

Gardienne du patrimoine

François Renaud dresse un parallèle intéressant entre la toile La gardienne du chaos et Chloé Sainte-Marie. «Elle a été la gardienne du chaos pendant sa maladie», estime-t-il en racontant la fin de vie de l’artiste atteint de la maladie de Parkinson. «Mais elle est aujourd’hui gardienne de l’histoire, gardienne du patrimoine.»

Selon lui, au-delà de la carrière de Gilles Carles et des nombreuses œuvres qu’il a produites, l’implication sans relâche de Chloé Sainte-Marie dans la poursuite du partage fait en sorte que «quoi qu’il soit arrivé, elle ne l’a jamais abandonné. Cette fusion amoureuse transpire dans les murs», dit-il, persuadé que «ce que Chloé veut, Gilles le veut.»

Raconter l’histoire

La vraie nature de Gilles Carles occupe tous les espaces du centre culturel Pierre-Gobeil. Du hall d’entrée à la salle de spectacle en passant par le deuxième étage, ses œuvres sont partout. Le travail d’autres photographes qui ont documenté la vie de l’artiste, son travail de réalisateur et sa relation avec Chloé Sainte-Marie est également exposé.

Les prix, trophées, honneurs et distinctions décernés à Gilles Carle font, eux aussi, partie du décor, afin que le public puisse saisir l’importance du legs de l’artiste au bagage culturel québécois. Pour François Renaud, qui est aussi historien, «il a traversé le 20e siècle, mais au 21e, son œuvre n’a pas pris une ride.» Il parle d’un humaniste avant-gardiste. «Qui parlait de santé mentale en 1975?»

Événements

En marge de l’exposition, Chloé Sainte-Marie donnera son spectacle Maudit Silence le 12 avril à 19 h 30, au milieu des photos de son compagnon.

Cinq films de Gilles Carle seront projetés et deux ateliers de création artistique, inspirés des techniques de l’artiste, seront offerts au public.

De plus, le Dr Réjean Hébert donnera la conférence «Hommage aux proches aidants» le 20 mai à 19 h. Celui-ci est président d’honneur de l’exposition.

La programmation complète est disponible sur le site du centre culturel et l’accès à l’exposition est complètement gratuit.

Le directeur du centre culturel Yan Fournier indique que c’est la première fois que le centre culturel accueille une aussi vaste exposition, assortie d’autant d’événements. «Avec des artistes multidisciplinaires, on peut faire beaucoup de choses. Avec des spectacles, des projections, des soirées de discussion en plus de l’exposition, ça donne énormément de possibilités.»

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