La Banque du Canada a l’intention de publier des prévisions économiques lors de sa prochaine décision sur les taux d’intérêt le 29 octobre, ce qu’elle n’a pas fait depuis le début de l’année alors que les droits de douane américains assombrissent l’horizon économique.
M. Macklem est à Washington cette semaine pour les réunions annuelles du Fonds monétaire international (FMI) avec les dirigeants d’autres banques centrales et les décideurs financiers.
Lors d’une conférence téléphonique en marge des réunions, il a indiqué aux journalistes que l’incertitude entourant la campagne tarifaire américaine avait diminué depuis le printemps.
«L’incertitude quant à la stabilité et à la trajectoire de l’économie mondiale demeure élevée, mais nous avons évité les pires scénarios», estime M. Macklem, qui a cité la mise à jour des Perspectives de l’économie mondiale du FMI.
Mais les menaces qui pèsent sur le commerce mondial persistent. Le gouverneur a avancé qu’une éventuelle escalade entre la Chine et les États-Unis, si elle se produisait, «serait très significative à l’échelle mondiale».
Sur le plan national, Tiff Macklem a indiqué que l’incertitude se reportait désormais à la révision de l’Accord commercial Canada-États-Unis-Mexique prévue l’an prochain, qui autorise actuellement l’entrée de la majeure partie des marchandises canadiennes aux États-Unis en franchise de droits.
Compte tenu de ces risques, M. Macklem a mentionné que la Banque du Canada «devra faire preuve d’humilité quant à ses prévisions et continuera d’accorder une grande importance à ces risques».
La Banque du Canada examinera deux nouvelles séries de données la semaine prochaine: ses propres enquêtes trimestrielles sur les attentes des entreprises et des consommateurs, et le rapport de Statistique Canada sur l’inflation de septembre.
Jusqu’à présent, M. Macklem a précisé que les entreprises indiquent dans le cadre d’enquêtes à la banque centrale que l’incertitude persistante les freine dans leurs investissements et leurs embauches.
Il a toutefois ajouté que l’essor de l’intelligence artificielle a constitué une «force compensatoire» pour stimuler l’investissement face à l’incertitude, en particulier aux États-Unis.
«L’IA a le potentiel d’être un facteur favorable important, augmentant la productivité et soutenant une croissance non inflationniste», a affirmé M. Macklem.
«Mais elle présente également des risques, et nous avons tous convenu qu’il est nécessaire de mieux comprendre ses impacts macroéconomiques complexes, notamment ses implications sur le marché du travail», a-t-il ajouté.
Le marché de l’emploi canadien a surpris de nombreux économistes plus tôt ce mois-ci, lorsque Statistique Canada a annoncé une hausse de 60 000 postes en septembre.
Commentant le rapport sur l’emploi, le gouverneur a souligné que l’économie avait perdu plus de 100 000 postes en juillet et août, et qu’aucun «chiffre mensuel n’est définitif».
«Ce que l’on observe sur plusieurs mois, c’est (…) un marché du travail qui s’est affaibli», a-t-il déclaré.
La Banque du Canada a cité la faiblesse du marché du travail comme l’un des principaux facteurs ayant motivé sa baisse d’un quart de point de taux d’intérêt le mois dernier.
Mais M. Macklem est resté muet, comme à son habitude, sur la position de la banque centrale concernant sa décision de taux à la fin du mois.
Il a indiqué que les responsables de la politique monétaire examineront l’évolution des droits de douane et de l’incertitude. Les répercussions sur les volumes d’exportation et les niveaux d’investissement canadiens, ainsi que sur les perspectives d’inflation globales, guideront sa prochaine décision.
Tiff Macklem a également suggéré que la banque centrale suivrait de près les niveaux de consommation, qui, selon lui, «ont montré une certaine résilience» ces derniers temps, pour définir l’évolution des taux d’intérêt.
«Rassemblons toutes les données, examinons les prévisions, délibérons et nous formulerons notre meilleure évaluation et prendrons notre décision le 29 octobre», a expliqué M. Macklem.
