Plusieurs jardiniers auront déjà fait le ménage d’automne de leurs plates-bandes. Pourtant, si vous avez des plantes à floraison tardive, cette période est encore intéressante, sans oublier toutes les vivaces qui ont viré au jaune, rouge et orange et qui contrastent avec celles dont le vert persiste jusqu’aux neiges. Il serait peut-être sage d’attendre un peu avant de couper tout ça! Ou, peut-être, éviter le ménage automnal complètement!

Même pour les jardiniers les plus paresseux, il y aura toujours quelques tâches à faire en préparation à l’hiver. Voici donc quelques conseils de fin de saison.

Plates-bandes

Avec le spectacle de couleurs que nous offrent nos plantes, pourquoi les couper et laisser le sol à nu pour l’hiver? Un sol qui n’est pas recouvert subira un lessivage de ses nutriments et de l’érosion. D’ailleurs, comme le disait si bien mon père : le meilleur engrais pour toute plante est son propre feuillage. En se décomposant, tous les minéraux qui se trouvent dans leurs feuilles retournent au sol et nourriront vos végétaux.

Une autre raison d’éviter un ménage d’automne de nos plates-bandes est que les insectes bénéfiques pour nos jardins, ceux qui s’attaquent aux insectes nuisibles, ou qui pollinisent nos fleurs, se cachent dans les tiges des plantes mortes ou dans la litière du sol. Les oiseaux aussi en profiteront. Plusieurs fleurs auront séché et formé des graines dont ils peuvent se nourrir. En laissant les végétaux morts sur place, la nature nous offre un pesticide tout à fait naturel et préserve la biodiversité dans notre jardin.

De plus, plusieurs vivaces et arbustes nous offrent un spectacle tout au long de l’hiver avec leurs fleurs et tiges séchées qui sortent de la neige. On n’a qu’à penser aux inflorescences duveteuses des graminées ou les «pompons» séchés des hydrangées.

Feuilles

La collecte des feuilles d’automne, en réalité, fait partie de l’entretien de la pelouse, qui se retrouvera étouffée si on laisse les feuilles telles quelles à sa surface. En nature, les graminées et les arbres coexistent rarement. Dans les zones boisées, les feuilles tombent au sol et forment un tapis qu’on appelle la litière de forêt. Celle-ci protège le sol de l’érosion, des gels et dégels, en plus de se décomposer pour nourrir les végétaux de nutriments essentiels à leur survie. C’est le même processus qui se passe dans votre jardin, mais plutôt que d’appeler ça la litière, on opte pour le terme paillis. Un paillis tout à fait gratuit! Alors, plutôt que de ramasser cet «or brun», de le mettre en sac pour ensuite mettre du compost ou de l’engrais au printemps pour nourrir vos plantes, laissez-les sur place et sauvez temps et argent!

Une exception : certains arbres ont des feuilles très épaisses qui formeront un tapis impénétrable par vos vivaces au printemps. Plutôt que de les mettre en sac à la rue, déchiquetez-les à l’aide d’une tondeuse, d’un aspirateur-déchiqueteur ou bien d’un appareil conçu spécialement pour cette tâche. Vous pourrez ensuite les remettre au jardin ou les conserver pour la saison suivante, les utiliser comme paillis pour vos plantes ornementales et votre potager, ou les intégrer dans votre tas de compost. Je vous jure que vous n’en aurez jamais trop et que vous voudrez peut-être même voler les sacs de feuilles de vos voisins.

Pelouse

Comme mentionné ci-haut, vous pouvez tout de même récolter les feuilles qui se retrouvent sur votre pelouse. Mais avant de le faire, passez la tondeuse dessus pour les déchiqueter et laissez-les se décomposer directement entre les feuilles de votre gazon. Selon la quantité, vous n’aurez peut-être même pas à en ramasser. Cependant, s’il y en a trop, collectez-les dans le sac de votre tondeuse ou envoyez-les directement dans vos plates-bandes.

Tant que la croissance de votre pelouse n’a pas cessé, continuez de la tondre à 10 cm en laissant les résidus de tonte se décomposer sur place. Toutefois, avant que l’hiver recouvre votre terrain d’un épais duvet blanc, passez la tondeuse une dernière fois, cette fois-ci, à une hauteur de 5 cm. De plus, juste cette fois-ci, ramassez les résidus de tonte et les feuilles mortes et mettez-les de côté ou dans vos plates-bandes. Le froid ralentit et arrête le processus de dégradation de la matière organique et votre pelouse pourrait en être affectée le printemps venu.

Potager

Personnellement, je ne fais pas de ménage d’automne de mon potager à part y mettre des feuilles d’automne déchiquetées pour nourrir le sol et le protéger de l’érosion. Certains croient que les maladies qui se trouvaient sur leurs fruits et légumes hiverneront dans ces plantes, mais la réalité est que la majorité survivra dans le sol ou dans les alentours de votre potager, de telle sorte que ces maladies reviendront de toute façon l’année suivante. Le mieux est de faire une rotation de culture et de changer l’emplacement d’un légume chaque année dans un cycle de quatre ans. Oui, j’aurai un petit ménage à faire au printemps, mais une bonne partie de ces résidus organiques se sera décomposée ou tombera au sol pour former un paillis.

Rangement

L’automne est le moment idéal pour entretenir nos outils et les ranger pour l’hiver. Aiguisez vos lames de tondeuse, nettoyez vos pelles, râteaux et outils à main, rentrez les boyaux d’arrosage. Ils seront prêts le printemps venu et vous les conserverez plus longtemps. Plusieurs rentreront les meubles extérieurs à l’automne. De mon côté, je les recouvre d’une toile blanche qui est à peine perceptible sous la neige, car j’ai peu d’espace d’entreposage. Je n’ai plus de pots de terre cuite, car ils ne survivent pas à l’hiver et on doit les vider de leur contenu et les entreposer à l’intérieur pour espérer les conserver pendant plusieurs années. C’est beaucoup trop de travail pour moi! Mes contenants de plantation sont maintenant composés de plastique, de bois ou de géotextiles, des matériaux qui résistent au froid et au gel. Je peux les laisser sur place sans devoir intervenir.

Malgré la nécessité d’effectuer quelques travaux en automne, on peut tout de même économiser énormément de temps en laissant la nature faire le ménage pour nous. Un dernier petit coup, jardiniers, et vous pourrez vous reposer pour l’hiver en rêvant à votre jardin de l’année suivante!

ENTRETIEN HORTICOLE : À FAIRE CETTE SEMAINE

› Les feuilles d’arbres atteintes de maladies peuvent être utilisées dans votre compost ou comme paillis.

› Utilisez des feuilles mortes comme paillis sur vos bulbes fraîchement plantés. Cela leur fournira une couche d’isolation supplémentaire du froid sans les empêcher de sortir au printemps.

› Nettoyer ses gouttières est beaucoup plus facile à l’automne que durant l’hiver. C’est un bon moment pour le faire.

› Tant que le sol n’est pas gelé, il est toujours possible de planter des bulbes à floraison printanière ou de semer des graines qui germeront au printemps avec le retour du beau temps.

RÉPONSES À VOS QUESTIONS

Haie de cèdres qui brunit

Q J’ai une haie de cèdres plantée depuis une quarantaine d’années. Elle a toujours été bien verte, mais cette année plusieurs endroits ont bruni. Est-ce dû aux quantités importantes de pluie que nous avons eues cet été ou est-ce que cela veut dire qu’elle « achève »? Y a-t-il quelque chose à faire pour remédier à la situation : engrais, arrosage, etc.?

— Céline Levesque Bacque

R Il est difficile de répondre à ce type de question sans voir la haie en question et les conditions dans lesquelles elle se trouve, mais j’ai quand même quelques pistes de solutions.

Pour commencer, si votre sol ne se draine pas bien, il est possible que l’eau stagne et fasse pourrir les racines de vos cèdres. Dans ce cas, elles ne peuvent plus absorber l’eau dans le sol pour la transporter vers les feuilles. Trop d’eau, c’est comme pas assez. Par contre, l’effet serait généralisé et il y aurait probablement ce genre de problème chez vos voisins aussi.

J’ai demandé à Dominique Sanson de l’entreprise San Son Vert, située à Sainte-Anne-des-Lacs, ce qu’elle en pensait, car elle m’a déjà conseillé sur les cèdres : « La haie est très âgée; sûrement qu’il y a des arbres matures autour, donc une concurrence racinaire. Souvent, les gens ne se rendent pas compte que les autres grands végétaux autour ont, eux aussi, grandi et grossi! Après tant d’années, le sol s’est appauvri. »

Elle conseille d’appliquer du compost à la base de la haie. Je suggère une épaisseur de 7 à 10 cm que vous pouvez mélanger au sol ou déposer en surface. Dominique suggère aussi l’application d’un engrais biologique à libération lente, tel un fertilisant à base de fumier de poule, à faire une ou deux fois par année.

De mon côté, je n’utilise que rarement des engrais en horticulture ornementale, quoique ce soit une bonne idée dans ce cas pour rétablir la santé du sol rapidement. Je préfère utiliser un paillis organique qui peut se décomposer comme du bois raméal fragmenté ou simplement des feuilles d’automne déchiquetées.

Je crois qu’il y a aussi une question de l’entretien de votre terrain en entier, car votre haie n’est pas séparée du reste, elle fait partie de cet écosystème. Si vous avez de la pelouse, pratiquez l’herbicyclage, laissez les feuilles au sol l’automne et passez la tondeuse dessus plutôt que de les ramasser, utilisez un paillis décomposable dans vos plates-bandes. Les racines de votre haie s’étendent beaucoup plus loin que ses branches, elles profiteront d’un sol riche en matière organique et en vie microbienne.

CALENDRIER HORTICOLE

Les plantes médicinales à Sainte-Foy

La Société d’horticulture de Sainte-Foy présentera la conférence « Les plantes médicinales » par l’herboriste et thérapeute Capucine Chartrand, le mardi 31 octobre, dès 19h30, au Centre de glaces Intact Assurance (999, avenue de Rochebelle, local 121), à Québec. Au programme : apprendre à prendre soin de sa santé grâce aux plantes médicinales. Coût : gratuit pour les membres de l’organisme, 8 $ pour les non-membres. Info : par téléphone auprès de France Doyon au 418 658-9844, par courriel à fradoyon@hotmail.com, à shsf.ca ou à facebook.com/societe.horticulture.ste.foy

Les plantes succulentes à Québec

La Société d’horticulture de Québec tiendra la conférence « Les plantes succulentes et l’art du jardinage » de Rock Giguère le mardi 7 novembre 2023, dès 19h30. La rencontre aura lieu au Centre communautaire Marchand, à Québec, situé au 2740, 2e Avenue Est. Cette activité sera gratuite pour les membres de la Société, puis coûtera 6 $ aux autres. Info : par téléphone au 418 871-1665 ou par courriel à societehorticulturequebec@hotmail.com.

Les plantes d’intérieur à Lévis

La Société d’horticulture et d’écologie de Saint-Nicolas présentera la conférence « Les plantes d’intérieur n’auront plus de secrets pour vous : choix et soins » de Christine Phan, le mercredi 8 novembre 2023, dès 19h30. La rencontre aura lieu au Complexe aquatique multifonctionnel de Lévis, situé au 1065, route des Rivières. L’activité est gratuite pour les membres de la Société, puis coûte 7 $ aux non-membres et 5 $ aux étudiants ou membres d’une autre société horticole. On recommande de réserver. Info : par téléphone au 418 831-4837, par courriel à shest­nicolas@gmail.com ou par Internet au shorticulture.wixsite.com/shestnicolas/activites-1

Les orchidées à Québec

La Société d’horticulture de Québec tiendra la conférence « Les orchidées (culture et entretien) » de Pandelis Vlahopoulos le mardi 5 décembre 2023, dès 19h30. La rencontre aura lieu au Centre communautaire Marchand, à Québec, situé au 2740, 2e Avenue Est. Cette activité sera gratuite pour les membres de la Société, puis coûtera 6 $ aux autres. Info : par téléphone au 418 871-1665 ou par courriel à societehorticulturequebec@hotmail.com.

Note : comme chaque année, la chronique horticole ainsi que son calendrier font relâche pendant la saison froide. Ils seront de retour à la fin de l’hiver prochain.

Les rubriques d’experts ne sont pas écrites par nos journalistes, mais par des spécialistes évoluant dans différents domaines.