Le Trèfle noir est en activité depuis 2009 et a réussi, au fil du temps, à se tailler une bonne réputation avec plusieurs produits phares tels que la Gose Gosebuster, le stout Trèfle noir ou la Ale-O-Ween à la citrouille. Le sentiment d’appartenance à la brasserie de l’Abitibi s’est fait sentir au moment de l’annonce, bon nombre de consommateurs soulignant la perte d’un savoir-faire local. Une décision fort probablement très difficile à prendre, mais pas unique si on se fie au marché d’aujourd’hui et aux inquiétudes de plusieurs brasseurs artisans.
La volonté des entreprises comme Lagabière d’augmenter leur volume de production et d’offrir un service « clé en main » aux marques de commerce bien implantées dans les régions est signe d’un désir de développement et de croissance, dans un contexte de plus en plus concurrentiel.
Je ne suis pas dans les secrets de l’entente, mais j’imagine que l’équipe du Trèfle noir a négocié une ristourne sur chaque produit vendu ou a vendu la marque de commerce. Dans les deux cas, la valeur de la marque a eu un rôle à jouer. Il sera intéressant de suivre l’évolution de celle-ci dans l’échiquier des bières disponibles en tablette. Les consommateurs s’intéressent-ils plus à un courant brassicole ou à une marque en particulier?
C’est d’ailleurs un avantage non négligeable que de faire partie d’un même portefeuille sur le plan des ententes commerciales, des négociations d’espace tablette et de la volonté d’offrir une variété de produits à l’apparence différente, mais profitant de la même force de vente et de distribution.
Par contre, force est de constater que cesser la production artisanale d’une entreprise qui s’appelle « brasserie artisanale » doit demander réflexion et analyse de la part de l’équipe du Trèfle noir. Lorsque les installations auront brassé leur dernière bière, le Trèfle noir va-t-il encore s’appeler «brasserie artisanale»? À mon sens, non. Nous sommes derrière une stratégie qui présente une approche de plus en plus ancrée dans les habitudes des microbrasseries. Des usines spécialisées dans l’analyse des coûts et la production proposent des solutions clé en main à d’autres brasseries qui subissent le contrecoup de la baisse de production. Pourquoi pas…
Mais assurons-nous de protéger le terme « microbrasserie » ou « brasserie artisanale ».
Voici trois bières du Trèfle noir à déguster. Les quantités disponibles ne sont pas garanties.
Chernoe Pivo
Un Russian Imperial Stout sans complexe, au corps puissant et à la finale légèrement sucrée et alcoolisée. On sent d’ailleurs une petite amertume du grain en finale qui accompagne une belle dose d’alcool et de café moka. Elle n’est pas affinée en fût de chêne, ce qui est assez rare aujourd’hui.
Gosebuster
Une Gose, titrée à 6% d’alcool, que j’adore accompagner d’un fromage cheddar de deux ans minimum. L’accord se veut sur le sel et les feuilles de kaffir, rendant le fromage chaleureux, sur les notes légèrement citronnées de la bière. Un de mes accords préférés.
O’Borne Evil
Une Scotch Ale très agréable à boire, même si son taux d’alcool est plus élevé que ses cousines de Belgique. On y trouve de belles notes de sucre, de caramel et d’alcool. Une bière à accompagner du morceau de cheddar précédent, car j’adore présenter deux bières avec le même fromage.